Audimat: Numero O. Les Siestes Electroniques.

Posted in music on July 26th, 2012 by admin

Audimat: Numero O. Les Siestes Electroniques.

Cette année, les Siestes Electroniques élargissent leur champ d’intervention en éditant pour la première fois une revue, baptisée Audimat.Une vraie revue, pas un magazine ni un programme du festival : des articles long format sur la musique, écrits par des contributeurs français ou étrangers, pas forcément issus de la presse spécialisée. L’idée est d’ébaucher en langue française un discours critique exigeant, sans être abscons, sur la pop music, son histoire, son écoute, sa diffusion dans le monde. Il y est donc question, en vrac, du rapport du groove au langage, de l’esthétique propre aux morceaux rares dans le rock, de la nécessité de continuer à chroniquer des albums à l’âge du iPod, ou encore de l’affirmation du désir dans la Hi-NRG.

La direction éditoriale d’audimat est assurée par Guillaume Heuguet et Etienne Menu, et la direction artistique par officeabc.

Sommaire:

Diedrich Diederichsen – Va crever, critique de disque (mais prends ton temps)

C’est une chose étrange et presque scandaleuse que Diedrich Diederichsen ait été aussi peu traduit en français. Né en 1957, il a écrit sur le punk et la new-wave pour la version allemande du magazine Sounds avant de diriger Spex, titre-phare de la presse alternative germanique, jusqu’au début des années 90. Imprégné de cultural studies, de post-structuralisme et de marxisme dissident, sa façon d’aborder la critique musicale est celle d’un moderniste radical, peu enclin à prendre la légèreté à la légère. Il enseigne parallèlement la théorie de l’art à Vienne. Audimat publie ici un article précédemment édité dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung en 2010, qui s’interroge sur le choix de son ancien employeur, Spex, de cesser de publier des chroniques d’albums.

Simon Reynolds – Dance music : la fin du futur

Simon Reynolds a ce pouvoir de parler d’un morceau ou d’un artiste avec un enthousiasme tel qu’on a tout de suite envie d’aller l’écouter ou le réécouter. Son désir d’échafauder, article après article et livre après livre, une véritable histoire esthétique de la pop music au sens large, ne peut évidemment qu’être accueilli à bras ouverts pour qui n’a jamais goûté aux épuisants récits rock’n’roll, anecdotiques et psychologisants de la musique de ces cinquante dernières années. Après la sortie de son dernier livre Rétromania au début de cette année, il revient pour nous, via Skype, sur l’idée selon laquelle le futur et le futurisme en musique seraient paradoxalement devenus au fil des années des notions dépassées.

Tim Finney – Say what ? La UK Funky et l’ineffabilité du groove

Tim Finney est australien, il a 30 ans, a longtemps tenu un blog intitulé Skykicking et signe parfois des chroniques pour Pitchfork quand il réussit à trouver un créneau dans son emploi du temps d’avocat spécialiste des class actions – le même travail que celui de Glenn Close dans Damages, sauf que Tim est beaucoup plus sympathique. Malgré des goûts musicaux parfois peu compatibles avec les nôtres, Tim prête une telle attention à ce qu’il écoute et décrit qu’on finit souvent par réévaluer positivement ce qu’on pensait de ce titre de dancehall au départ assez terne, ou par prendre conscience de la fonction matricielle des remixes d’Ewan Pearson dans la scène electrohouse entre 2003 et 2005. Pour Audimat, il théorise la notion d’ineffabilité du groove à l’œuvre dans un genre passé plus qu’inaperçu en France : la UK funky.

Louis Picard – Chiens vivants, lions morts : esthétique de la chanson rare

La rareté en musique ne concerne plus guère que les disques eux-mêmes, puisque YouTube et feu MegaUpload ont en quelques années rendu disponible et gratuite la quasi totalité de la production musicale, ou en tout cas de la production musicale faisant l’objet d’une demande, évidemment. Face à ce renversement du régime de l’écoute, nous avons demandé à notre ami Louis Picard, de son état professeur de lettres modernes en classes préparatoires et généreux érudit du rock, de nous parler du rapport trouble que l’on entretenait autrefois aux chansons rares, inédites et oubliées.

Paul Purgas – Remastering digital et révisionnisme

L’industrie des rééditions d’albums peut-elle être taxée de révisionnisme sonore ? C’est ce que soutient l’artiste et musicien Paul Purgas, entre autres moitié du groupe Emptyset, qui retrace pour Audimat l’histoire du remastering digital et rend compte d’une pratique très prisée par les labels et les ingénieurs qui travaillent pour eux, consistant à adapter le son d’un enregistrement ancien aux goûts du public d’aujourd’hui en recourant à la compression, à la ré-égalisation, et autres maquillages sonores d’œuvres originales.

Etienne Menu – “À mille lieues des clichés du gangsta rap” : Notes sur le rap en France, le rap en français, et un âge d’or négligé

Entre 1995 et 1998, le rap français a vécu son apogée. Après la première vague du début de décennie (NTM, IAM, Solaar et Assassin) sont apparus plusieurs crews profondément influencés par la scène new-yorkaise et pratiquant couramment l’art du flow, privilégiant la forme sur le sens, le signifiant sur le signifié, le style sur le contenu – soit une certaine définition du vrai bon rap, celui qui refuse de coller à un message sociopolitique explicite et au culte très français du « beau texte ». La plus talentueuse et avant-gardiste de ces équipes s’appelait Time Bomb, et ses prophètes Lunatic, Hifi et surtout Ill. Etienne Menu, à l’époque jeune auditeur électrisé par les freestyles qu’il entendait sur les ondes de Générations 88.2, revient sur cet âge d’or trop souvent passé sous silence.

Didier Lestrade – Can You Handle It : la Hi-NRG comme défi gay

À une époque où les archivistes musicaux semblent avoir réhabilité à peu près toutes les scènes et micro-scènes des cinquante dernières années, Didier Lestrade, entre autres auteur élitiste mais décontracté des chroniques house et soul pour Libération dans les années 90, se demande pourquoi la Hi-NRG continue, elle, de croupir dans les oubliettes de l’histoire. Et en profite pour souligner comment ce style mal aimé se fit à l’époque la voix d’un désir gay enfin explicitement formulé.

Musique et camp : Entretien avec Patrick Mauriès

Le camp est une idée étudiée en 1964 par Susan Sontag dans ses Notes on Camp, pour évoquer l’attitude théâtralisée, à la fois froide et outrée, propre à certains homosexuels new-yorkais, le plus souvent juifs. Quinze ans plus tard paraît en France le Second Manifeste Camp de Patrick Mauriès, dans la collection Fiction & Cie du Seuil. C’est le premier livre d’un jeune homme de 27 ans venu à Paris quelques années auparavant pour suivre les cours de Roland Barthes, qui se trouve justement être à l’origine de sa publication.

D 10 €

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